April 23, 2012

Les Zombies après George: La France


Cet article fait suite aux précédents: Les zombies avant George, Les zombies de George et Les zombies après George: L'Italie


A cette époque - les années 70-80 - quand un film - le plus souvent américain - avait du succès, les Italiens étaient prompt à en réaliser des copies bons-marchés pour tenter de faire un peu d'argent.

Mais quand un de ces films italien cheap avait du succès, qui en produisaient sous-copies encore plus cheap pour surfer sur le succès du surfage sur le succès?

Les français!


Pour autant que je sache - il est possible que je me trompe - le premier film de zombies français est aussi la première oeuvre de commande de son réalisateur, c'est Les raisins de la mort de Jean Rollin.

Rollin fait ici une excellente franchouiardisation du thème en instillant le pouvoir zombificateur en le liquide le plus français qui soit: le vin. Il fait aussi, alors que tout le monde, à l'époque, n'en avait a foutre, un petit clin d'oeil écologiste en expliquant la cause cette année vinicole zombifiante par des pesticides expérimentaux... Encore un coup de Monsanto, sûrement....

Rollin, d'ailleurs, avait en tête un film "catastrophe environnementale" avant que les producteurs ne lui impose les zombies.

Sorti en 1978 (soit la même année que Dawn of the Dead), c'est malheureusement une oeuvre peu inspiré, trop longue et où on ne décerne que très peu la touche particulière de son réalisateur.

Mais de l'époque, ça reste le film de zombies le plus classique.




Suite à une chicane entre Marius Lesoeur et Jesùs Franco, ce dernier quitte Eurociné en claquant la porte. (C'est arrivé souvent semble-t'il!). Le bon Marius fait donc appel à Jean Rollin pour terminer son projet qui est déjà en plein coeur de son tournage: Le lac des morts-vivants. C'est un film auquel il tient beaucoup, car il met en vedette, pour la première fois, sa fille Anouska Lesoeur.

Jean Rollin, on l'a déjà remarqué dans ses raisins de la mort, n'a pas grand enthousiasme pour le genre zombie et c'est donc sans grand enthousiasme qu'il termine ce qui deviendra l'un des plus grands fiasco du cinéma français!

En matière d'incohérence, de nullisme, de non-professionnalisme et de tout ce qui peux faire qu'un film est mauvais, Le lac des morts-vivants se démarque loin devant les autres! C'est une aberration cinématographique comme il ne s'en est fait que rarement.



La chicane entre Jess Franco et Marius Lesoeur fut sans doutes de courte durée parce que la même année (1981), un autre film de zombies réalisé par Franco sort des studios Eurociné: L'abîme des morts-vivants.

Si le lac des morts-vivants avait, dans son nullisme aberrant, un côté humoristique involontaire (promizooulin!) parfois désopilant, l'oasis des morts-vivants, lui, n'est que pur nullisme et ennui mortel. Le pauvre spectateur, tandis qu'il essaye désespérément de comprendre si l'oasis des zombies est proche ou non de la ville, n'a comme seule - et mince - consolation que de constater que la mode féminine des années 80 n'avait pas, finalement, que du mauvais.





Dans les années 80 le zombie se vend bien, peu importe la daube. Ainsi le film de Jess Franco datant de 1973 Christina, princesse de l'érotisme est ré-édité sous le nom Une vierge chez les morts-vivants avec des scènes de zombies - filmées par Jean Rollin - ajoutés.

Christina, princesse de l'érotisme est un film lent, un peu surréaliste et à l'ambiance gothique. Je l'aime bien. Y ajouter des zombies n'y apporte absolument rien sinon que de rendre l'histoire confuse puisque si on a pris soins d'ajouter des zombies, on n'a pas vraiment pris la peine de justifier un tant soit peu leur présence...







Jean Rollin revient au zombie en 1983 avec La morte-vivante. Il aborde néanmoins le thème d'une manière toute personnelle et livre un film complètement différend de l'apocalypse zombiesque habituelle.

J'adore ce film qui est un de mes Rollin préféré.

Le film met principalement en scène deux femmes, l'une morte, l'autre vivante. Autrefois amoureuses lesbiennes, elles se retrouvent et tandis que la morte, à mesure qu'elle dévore des entrailles de vivants, reprend peu à peu son humanité et constate, avec horreur, ce qu'elle est devenue, la vivante, elle, à mesure qu'elle capture et tue afin de nourrir son amour retrouvée, tombe peu à peu dans une folie meurtrière. Jean Rollin, avec ce film, ébranle le concept habituel de "bons" contre les "méchants".




Je vous entends déjà vous écrier que le cinéma français (zombies ou non!) ne se résume pas à Jess Franco et Jean Rollin!

Et vous avec bien raison. Il y a aussi...Pierre Reinhard!!

Après avoir réalisé de nombreux films aux titres évocateurs comme Outrages transsexuels des petites filles violées et sodomisées, La perverse châtelaine dans l'écurie du sexe ou encore L'été les petites culottes s'envolent, il décide que de faire des films de zombies nuls à chier ne devrait pas être le privilège unique de Franco et Rollin. Il se sent d'attaque pour faire encore pire!


Et c'est ainsi que, pour terminer en beauté cette première vague de zombiisme à la française, Pierre Reinhard fait honneur au cinéma français tout entier avec La revanche des mortes-vivantes, probablement le film le plus idiot et mal-foutu jamais réalisé.

N'empêche, on y rigole ferme... les mêmes scènes répétées ad-nauseam, les scènes de cul ridicules qui laisse planer un doute immense sur la carrière de pornographe du pauvre gars, mais surtout... l'abominable "twist in the end" digne d'un Night Shyamalan sous sédatif...

À voir absolument pour constater, non sans une certaine hilarité, que le trou du cul du fond du baril du cinéma français ne sort pas toujours forcément des studios de Marius Lesoeur




Ainsi s'achève cette première fournée de zombies made in France, il y en aura une autre, beaucoup plus tardive, avec des films comme La Horde ou Paris by Night of the Living Dead, mais ça, c'est une tout autre histoire et, surtout, un autre article! A bientôt!



4 comments:

  1. N'empêche qu'est ce que les Français sont mauvais en films de genre ou en films tout court. Quand je lis ton article, je ne suis pas fier :-(

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  2. Le cinéma français ne se résume heureusement pas aux quelques films décrit dans cet article!

    Il est, au contraire, très riche en films de tout genres.

    Juste les noms de Jess Franco et Jean Rollin - au delà des titres nanardesque dont je parle ici - sont des figures emblematiques du cinéma de genre et il y a de quoi en être fier (même si Franco est espagnol!)

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  3. lors la bravo, je connaissais Rolin et "une vierge chez les morts vivants", un des films les plus étranges et mal foutu que j'ai vu, mais là le dossier fait preuve de grand art! merci pour ces infos très drole ^^

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  4. eh bien pour tous ces éclaircissements, bravo ! moi qui croyait que les français n'avaient jamais touché au thème des zombies (piètre cinéphile que je suis !)

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